Retour au transfert

En 2008, j’ai écrit et publié à Paris, chez L’Harmattan, un livre traitant de la question du transfert, intitulé : « De la notion au concept de transfert, de Freud à Lacan ».

Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à demander à être reçu par un psychanalyste ? Et qui plus est, ensuite, et surtout,… à revenir ?

À revenir régulièrement, chose étonnante, parfois durant plusieurs années ? Le transfert.

Le transfert, c’est l’amour dit Lacan, ex-abrupto, dès sa conférence de Louvain (13 octobre 1972) et à Rome aux journalistes qui l’interrogent lors de la conférence de presse à la veille de « La Troisième », en 1973.
Pas de différence de nature entre le transfert et ce qu’on appelle communément l’amour. C’est du même tonneau, de la même étoffe.

Pour Freud, c’est essentiellement une répétition, celle d’une image, une imago, d’un personnage du passé, père, mère, etc.

C’est le passé dans le présent. Même s’il admet qu’il y a quelque chose de réel, d’actuel, dans le transfert avec le psychanalyste. Une répétition qui va créer une forme de résistance au travail analytique et, en même temps, c’est ce que ce couple analyste-analysant possède, en fait, de mieux comme cadre pour l’avancée  dudit travail de la cure.
Pour Lacan, il y a deux transferts, compte tenu de l’introduction de  son nouveau paradigme pour la psychanalyse, RSI (Réel, Symbolique, Imaginaire). Le transfert imaginaire, principalement celui déjà repéré par Freud, et un transfert symbolique qu’il introduit et distingue, dégage, avec sa notion de grand Autre et grâce à son insistance qu’il fait porter sur la parole, le signifiant, i.e. le registre du Symbolique.
Ce qui n’était pas aussi clairement distingué chez Freud.

Un troisième transfert peut dès lors s’inférer à partir du RSI lacanien, le transfert réel, ou plus précisément, dans le Réel. C’est la dimension réelle du transfert.

C’est  ce « troisième » transfert, cette troisième dimension réelle du transfert qu’il m’importe aujourd’hui, dix ans après mon ouvrage, de reprendre. D’où ce « retour au transfert », comme ci-dessus annoncé.

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Attention !

La psychanalyse est une avancée de la civilisation sur la barbarie.
Voudrait-on le retour de celle-ci que l’on ne s’y prendrait pas, en ce moment, autrement… !
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POUR LA PSYCHANALYSE

Voici, ci-dessous, ma vision des choses pour un projet. Elle repose sur quelques principes, dont ci-après une première ébauche.

1. Il ne s’agit pas de se servir de la psychanalyse, mais il s’agit plutôt de la servir.

2. Il s’agit de la défense et de l’illustration de la psychanalyse  – cette praxis originale inventée par Freud -, parce qu’elle est sérieusement menacée d’assasinat et d’extinction. Et, je l’ai dit et écrit, la psychanalyse est une discipline mortelle !

3. C’est le signifiant “psychanalyse” qui est à défendre et à illustrer. Pas les noms propres de Freud ou de Lacan ou de quelques autres. Ces noms, et leurs oeuvres, doivent prendre leur juste place dans l’histoire du mouvement psychanalytique qui continue.

4. Le monde a changé et depuis la disparition de Freud (Londres, 1939), et depuis celle de Lacan (Paris, 1981). Tous les grands noms qui ont marqué l’histoire de notre discipline s’en sont allés. Les derniers grands élèves de Lacan, pour nous français, sont en voie d’extinction. Ils disparaissent les uns après les autres. En reste-t-il même encore dix à ce jour ?

5. La société française, parmi les sociétés occidentales, est en pleine mutation. La psychanalyse ne s’y pratique plus comme il y a quarante ans, je puis en témoigner. Les pures demandes d’analyse se sont progressivement raréfiées. Les plus jeunes d’entre nous souffrent ainsi d’un manque criant de clientèle pour s’installer, mais ce fait doit être tu dans les sociétés,…Chut ! Pourquoi ne pas dire que le Roi est nu ?

6. La psychanalyse est, en France, critiquée, attaquée de toutes parts, combattue, voire interdite (Cf. dans le domaine de l’autisme), tout cela avec le consentement aveugle et veule des pouvoirs publics trop facilement conquis par les psychothérapeutes et leurs cinq cents techniques de psychotherapies. Qui a connu Freud vivant ? Personne, bien sûr. Qui a connu Lacan vivant… ? Quelques-uns encore qui se retrouvent en charge aujourd’hui de ce que l’on appelle l’enseignement, la formation, en un mot la transmission.

7. Les plus jeunes d’entre nous n’ont plus alors qu’un rapport livresque aux textes de Freud, Ferenczi, Abraham, Ana Freud, Mélanie Klein, Donald Winnicott et Lacan. Et le danger serait de laisser l’Université former en théorie les esprits des plus jeunes sous le contrôle de l’Etat, puisqu’en pratique elle ne le peut.

8. Tous les modèles d’institution pour la psychanalyse ont été, depuis belle lurette, tentés, essayés, proposés/imposés, expérimentés. Tous ont échoué, il faut quand même le dire, au bout de quelques mois ou de quelques années : le modèle de l’Eglise (I.P.A.), le modèle de l’Armée (E.C.F.), le modèle de l’école antique de philosophie (celui dont se réclamait Lacan à la fondation de son école, en 1964, l’E.F.P.).

9. Je pense qu’il faut, aujourd’hui, être modeste, humble. Ce qui n’empêche nullement d’être rigoureux.

10. Aucun analyste à venir ne pourra socialement et psychanalytiquement rester isolé, sans attache institutionnelle a minima. Les pouvoirs publics et les autres professionnels du champ psychique (psychiatres, psychologues, psychothérapeutes), comme le public, ne supporteront plus, à l’avenir, cette solitude socio-professionnelle du psychanalyste rabattue sur un supposé charlatanisme incontrôlé. Du point de vue de ce praticien appelé “psychanalyste”, il serait encore plus dangereux de “se croire être” psychanalyste, seul dans son coin. La psychose et/ou la perversion le rattraperaient bien vite pour l’habiter à son insu.

11. Nous, les psychanalystes d’aujourd’hui, nous ne voulons plus être pris en 2017 dans les déviations et les compromissions qui affectent notre pratique et notre présence au monde au contact de la psychiatrie biologique et comportementaliste, de la psychologie et des psychothérapies. Notre pratique s’y trouve déconsidérée, y dégradant son emploi et amortissant d’autant son progrès. Nous voulons sonner la sonnette d’alarme et restaurer le soc tranchant de la vérité.

12. Car c’est ainsi, c’est bien la vérité, oui la vérité, que vise la psychanalyse. La vérité du sujet, celle de son désir, d’un sujet divisé entre vérité et savoir.

13. Si l’ambition nous habitait  – et pourquoi ne nous habiterait-elle pas ? -, nous pourrions parler en utilisant des gros mots : Relance, renouveau, voire renaissance ou reconquête de la psychanalyse en ce pays, la France, et du devoir qui lui incombe en ce monde. Voilà quels seraient les maîtres-mots.

14. Je suis pour une association loi 1901, simple, claire, basique, ouverte, avec une seule catégorie de membres. Que cette association porte un jour une école, ou non, est déjà une autre question, insoluble au jour d’aujourd’hui.

15. Ce qui veut dire, dans mon esprit, qu’il faut revenir en-deçà de ce qu’entraîne, ipso facto, la notion lacanienne d’école : cartel et passe. Pour aller, un jour, au-delà, le fameux jenseits de Freud.

16. Une association, faisant collectif, institution de rattachement, port d’attache, “home”, havre, base de ressourcement mais aussi d’actions, cercle d’échanges de pairs, club,… pourquoi pas !

17. Le tout dans ce que Lacan avait nommé transfert(s) de travail, et j’ajouterai, un profond respect des différences.

18. Les noms qui me conviendraient sont : “Le réveil de la psychanalyse”, ou “Pour la psychanalyse”, ou encore “La psychanalyse”… C’est le signifiant “psychanalyse” qui importe aujourd’hui, pas les noms propres, fussent-ils historiques. La psychanalyse est devenue une discipline commune… !

Telle est ma conception à ce jour !

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DEMAIN LA PSYCHANALYSE

JEAN-MICHEL LOUKA

Pas de psychanalyse sans psychanalystes en exercice. Pas de psychanalyste sans la psychanalyse, comme théorie et pratique vivantes à questionner, inventer.

Le terme de psychanalyste est devenu aujourd’hui, un mot tabou ! Et d’autant plus tabou qu’il n’est pas précédé de l’expression par ailleurs. Vous pourrez entendre un : je suis psychiatre et, par ailleurs, psychanalyste, ou bien, je suis psychologue clinicien et, par ailleurs, psychanalyste… mais jamais : je suis un psychanalyste. Si vous le dites, – et je le dis -, l’on vous rétorquera immédiatement, faites-en l’expérience : psychanalyste, ça ne veut rien dire, ça n’existe pas. En fait, dites-moi, vous êtes psychiatre ou psychologue ?

Je suis un psychanalyste français, ce qui veut dire que ma langue, que l’on appelle maternelle, est le français. Continuer la lecture

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La révolution freudienne

La révolution freudienne

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Je suis un psychanalyste français

Je suis un psychanalyste français, ce qui veut dire que ma langue, que l’on appelle maternelle, est le français.

J’ai, aujourd’hui, quarante-deux années d’expérience de cette praxis originale que Sigmund Freud a inventée sous le nom de psychanalyse, comme psychanalysant, contrôlé, puis psychanalyste et contrôleur moi-même. J’approche les soixante-dix ans.

Ma légitimité, – question cruciale en notre métier où l’université médicale ou de sciences humaines ne peut répondre par la délivrance de ses diplômes qui, en notre domaine disciplinaire, ne garantiraient à peu près rien, seraient-ils nationaux -, je la tiens de pouvoir, parmi mes pairs et à la suite de mes maîtres, me compter.

J’appartiens à la cinquième génération des psychanalystes dans le monde depuis Freud. Je peux ainsi décliner ma filiation  : Freud (0) eut, parmi ses premiers élèves, Hanns Sachs (1), qui analysa Rudolph Loewenstein (2), lequel fut l’analyste de Lacan (3). Ce dernier aura, parmi ses premiers élèves, Serge Leclaire (4). « Le premier psychanalyste lacanien », selon Elisabeth Roudinesco[1]. Je suis l’un des élèves de Leclaire, j’appartiens donc aussi à la deuxième génération des lacaniens. Ayant suivi l’enseignement de Lacan vivant, ce qui s’appelait son Séminaire, ayant pratiqué et m’étant déclaré praticien à son école du 69, rue Claude Bernard à Paris, je peux me dire disciple de Lacan, membre de son école et élève de Leclaire. Je ne suis donc pas un enfant illégitime du lignage freudien et de la psychanalyse. Freudien, je suis un lacanien.-

Aujourd’hui, et depuis un certain nombre d’années déjà, je m’aperçois que je dispense une sorte de « formation » à quelques-uns de mes analysés ou de mes contrôlés, formation dont je ne me suis pas tout de suite aperçu moi-même, mais dont j’ai fini par être averti par ceux-là mêmes qui m’en témoignaient quelque chose, parfois à leur insu. Une transmission ainsi s’effectue, je me dois de le constater, pour ceux qui viennent, à mon cabinet, me demander une analyse ou un contrôle, et spécialement quand ils prennent soin d’en pousser, avec un certain courage, ce qui n’est pas donné à tout le monde, jusqu’à son terme ladite effectuation. Alors, mais alors seulement, ils rencontrent, lacaniennement, que l’analyste ne s’autorise que de lui-même.


[1] Elisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, 2 tomes, Seuil, 1986.

 

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Rompre le médecin à la relation

Les très significatives réponses des généralistes aux questionnaires réitérés depuis belle lurette, par exemple parmi d’autres, celui, déjà ancien, du « Quotidien du Médecin » (numéro du 7 mars 1995), et les articles nombreux qui régulièrement soulèvent cette question, indiquent l’extrême nécessité, quoi qu’on dise, de rompre le médecin à la relation avec son patient.

Le savoir scientifique et le savoir-faire technique, conditions sine qua non de la compétence médicale, ne suffisent pas plus à faire le médecin, qu’à prendre soin de l’homme souffrant. La formation à la relation médecin-malade-maladie (et non pas seulement médecin-malade) devrait être reconsidérée dans ses exigences spécifiques. Elle n’est pas fondée sur l’intersubjectivité, mais au contraire sur son absence. C’est précisément cette absence et ce qui vient à sa place – tout ce qu’imagine le médecin de « son » malade, et tout ce qu’imagine le malade de « son » médecin -, qui mène le jeu de ladite  « relation ». Cette relation se spécifie d’un lien particulier où le médecin a à se repérer. A quelle place met-il son malade ? A quelle place le malade le met-il et de quelle place lui répond-il ? Pourquoi répond-il ainsi à celui-ci et pas à celui-là à propos d’une même situation pathologique ? A son insu le médecin s’implique subjectivement plus qu’il ne le pense et plus qu’il n’est souvent prêt à l’admettre. Et cela s’appelle le transfert.

C’est cette implication transférentielle qui peut faire l’objet d’un travail de prévention, un travail de repérage en petit groupe. Il permet, à partir de cas personnels apportés et discutés par les participants, sous le sceau du secret, de cerner, de serrer au plus près toutes les dimensions de la question, et ainsi de prendre en compte les effets transférentiels au sein desquels les place leur pratique médicale. Un effet d’enseignement s’en recueille qui bénéficie à chacun dans sa pratique professionnelle, mais aussi dans toute sa vie relationnelle. Quand on veut guérir, il faut aussi prévenir.

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Femmes en prostitution, une approche psychanalytique

Conférence donnée à l’association « Aux captifs la libération », le 25 mai 2013

Une approche psychanalytique

La prostitution féminine, c’est l’absence d’un amour présent dans le réel. La prostituée n’entre pas, pour elle-même, dans la délicieuse tromperie de l’amour. L’amour, c’est ce qu’elle refuse et pourtant c’est ce dont elle souffre au plus haut point. Mais, il ne doit s’agir que de sexe tarifé, d’un échange marchand. Exit l’ombre même de l’amour. L’amour est un danger mortel. La femme prostituée piège le fantasme de l’homme dans le sien propre,…contre de l’argent. Elle ne se considère comme femme que, parce qu’anatomiquement elle est une femme. En réifiant son corps, elle fait croire qu’il n’y a pas de mur entre l’homme et la femme, qu’une femme, elle en l’occurrence, est devenue accessible, atteignable par un homme, lui, le client. Et que le rapport sexuel, le rapport entre les sexes existe, puisque que le coït est accepté. Qu’il lui suffit, à lui, de payer son prix. Mais où est donc la prostituée en tant que femme,…qui plus est, sujet femme ? Continuer la lecture

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A nouveau mortelle…

Depuis ce brûlot que fut la publication de ce texte, Die Frage der Laienanalyse (1926), – La Question de l’analyse profane -, la psychanalyse, nommée par Freud psychoanalyse dès 1896 comme une discipline scientifique spécifique et autonome, aura mis plus de trois quarts de siècle à se faire publiquement accrocher par sa question sociale et politique, laquelle peut s’énoncer ainsi : << la psychanalyse : pour quoi, pour qui, par qui et comment ?>>. Il faut dire qu’elle n’aura jamais été trop aidé en ce sens par ses psychanalystes mêmes, plus enclins à se déchirer et promouvoir le « narcissisme de la petite différence>> qu’à se rassembler pour mieux se définir.

De cette question, elle ne pourra, sans doute, désormais plus faire l’économie, sinon, ni plus ni moins, au risque de sa disparition. A tout le moins de sa noyade dans le varié marécage des psychothérapies, et son exclusion au titre de sa soi-disante obsolescence du champ de la psychiatrie bio-médicalisée et cognitivo-comportementalisée. Une psychiatrie, qui plus est, dans sa majorité, épouse le DSM V avec la bénédiction des instances officielles de l’Etat.

Oui, la psychanalyse pourrait bien se révéler être une discipline mortelle…

Mais, selon la remarque, tardive, de Lacan, qu’il faut certainement être sacrément mordu par Freud pour entreprendre une analyse et devenir psychanalyste, la psychanalyse, aujourd’hui encore, mord-elle ?

Si oui, sur quoi et qui ? Mais aussi et surtout, à quelles conditions sa morsure risque à nouveau d’entamer demain encore ce monde ?

La psychanalyse est une pratique particulière du transfert qui, chose curieuse, produit des effets. Des effets de sujet. Ce qui n’est pas, comme on peut s’en douter, sans conséquences pour ce monde, lui-même virant déjà par endroits à l’immonde.

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« Vive la psychanalyse »

«Vive la psychanalyse !», c’est-à-dire «Que vive la psychanalyse !». C’est un souhait, un wunsch freudien. Continuer la lecture

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